NANOMONDE ET MAXITROUILLE
Nanomonde et Maxitrouille, est un documentaire (0h51) de la série Bienvenue dans le Nanomonde, qui s'intéresse à l'avènement des nanosciences et nanotechnologies, avec l'avis des chercheurs sur les problèmes éthiques que les nanotechnologies peuvent poser. Les perspectives du travail à l'échelle de l'invisible peuvent être intéressantes, mais elles suscitent des craintes et soulèvent également des questions sur l'évaluation des risques pour l'individu et l'environnement. Un excellent aperçu des dangers liés aux nanotechnologies, étayé par des témoignages édifiants. Épisode N°4.
Cette série en quatre épisodes fait le point sur l’état des avancées dans le domaine des nanotechnologies et de leurs applications mises à notre portée grâce à un guide non dénué d’humour, incarné par un des réalisateurs, Charles-Antoine de Rouvre. Les nanotechnologies, un monde minuscule qui ouvre sur des changements immenses, riches de grandes promesses mais sources d'inquiétudes, qui font surgir des questions philosophiques et éthiques.
Un nouveau monde est en train de naître. Une révolution scientifique est en marche, qui pourrait modifier notre avenir au quotidien dans de multiples domaines. Produits plus petits, plus légers, ordinateurs plus performants, moyens de communication plus rapides, mais aussi des traitements médicaux plus efficaces, un environnement plus propre…
Cette grande révolution, est celle de l’infiniment petit et de l’avènement du nanomonde, celui des nanosciences et des nanotechnologies.
Travailler à l'échelle de l'invisible cristallise bien des peurs, à tort ou à raison. Quels sont réellement ces risques, au niveau de l'individu et de l'environnement, et comment pouvons-nous les évaluer ? Comment fait-on pour les mesurer ?
Ce quatrième épisode commence par un scénario catastrophe. En 2015, une usine de fabrication de nanotubes a explosé en Corée du Sud libérant dans l'atmosphère des dizaines de tonnes de nanoparticules. Ce scénario est l’un des trois scénarios d’anticipation qui sont ressortis d’une étude de dix-huit mois de l’Union Européenne sur les implications sociétales, éthiques et légales, des nanosciences et nanotechnologies. Ce scénario est, bien entendu, le plus catastrophique, celui où personne ne régule quoi que ce soit, mais il n’est pas irréaliste.
En 2006, "Magic Nano" sème la panique en Allemagne. En l’espace de trois jours, 97 consommateurs ont connu des problèmes respiratoires après avoir utilisé un de ces nouveaux produits pour sanitaires. Très vite, on pointe du doigt les nanos. Au final, plus de peur que de mal car, de nano, le Magic Nano n’en avait que le nom. Le bruit qu’a provoqué cette affaire est révélateur des inquiétudes, voire des dérives, que peuvent susciter les nanosciences et les nanotechnologies.
La peur des nanos ne date pas d’hier. C’est dans les années 1980 que naissent les nanotechnologies, en même temps que les premières inquiétudes. Eric Drexler lui même, le "pape" des nanotechnologies, qui fait rêver le monde entier en popularisant ses idées futuristes, développe parallèlement une théorie cauchemardesque, celle que notre monde, suite à un emballement de nano-machines, se transformerait en une immense "gelée grise". Bref, entre inconnus de l’infiniment petit, de l’invisible, et fantasmes post-futuristes, entre le fantasme ultime de la gelée grise et les manipulations génétiques, il y a toujours de quoi se faire peur.
Conséquence, au début des années 2000, le débat se focalise autour des pros et des antis. D’un côté, les archi-contres qui craignent la destruction de l’humain, voire de l’espèce humaine, et de l’autre, les archi-pour qui prêchent la création de l’homme nouveau.
Depuis, le débat s’est élargi. Les nanoparticules sont-elles dangereuses pour la santé ? Comment évalue-t-on leur toxicité ? Quelles sont les caractéristiques propres des nanoparticules et quelles difficultés cela induit-il ? Que se passe-t-il si l’homme ingère, respire, ou absorbe par contact avec la peau des nanoparticules ? Est-ce dangereux, et comment fait-on pour s'en appercevoir ?
Les scientifiques, bien qu’incapables de quantifier précisément ces risques et les impacts sur la santé, s’accordent néanmoins sur l’existence réelle de ce risque. En Europe, les industriels et les scientifiques se sont alliés au sein du réseau Nanosafe, qui a pour but de développer l’évaluation des risques et l’encadrement pour une production industrielle de nanoparticules sûre.
Au delà des problèmes immédiats de toxicité pour l’homme, il faut être tout aussi vigilant en terme de protection de l’environnement. Exemple avec les membranes de nanofiltration pour le traitement des eaux, qui sont capables d’arrêter la grande majorité des agents pathogènes : Métaux toxiques, bactéries, mais aussi les virus. Pourtant, la question des agrégats de déchets qui en résultent reste entière. Que deviennent ces déchets ? La plupart vont rester dans le sol. Les nanoparticules seront digérées par les bactéries ?
Si ces problématiques semblent bien prises en compte finalement en Europe, il n’en est pas forcément de même dans le reste du monde. Un marché colossal est en train de se dessiner, dopé par la diversité des applications possibles des nanosciences et des nanotechnologies. Et puis, il y a la pression des marchés. L’investissement doit être rentable, et plus les investissements sont importants, plus la rentabilité doit être rapide. Les spécialistes des semi-conducteurs comme Intel, Sony, Toshiba, etc., sont bien sûr sur le pied de guerre, mais tous les secteurs sont intéressés : Michelin étudie l'introduction de nanocharges dans ses pneus pour limiter l'usure et le bruit, Bayer veut mettre des nanotubes dans ses plastiques, et même Ikea utilise des revêtements nanotechnologiques pour ses tables de cuisine.
Les nanotechnologies risquent de bouleverser des équilibres dans notre société, depuis le quotidien de tout un chacun, jusqu’aux problématiques géostratégiques et d’économie internationale... Si les nanotechnologies permettent d’envisager de créer sans matières premières, cela pourrait représenter un immense avantage pour certains, et une catastrophe économique pour d’autres.
Mais le danger peut aussi venir du côté des applications potentielles. Les puces que l’on implante aujourd’hui à nos chats et à nos chiens, et à nous également, pourraient nous faire tomber dans le monde de Big Brother.
Aujourd’hui, il s’agit d’identifier des patients Alzheimer volontaires avec des puces de première génération. Pour l’instant, elles ne font que stocker des informations. La deuxième génération, qui est en préparation, sera capable de faire interagir l’environnement du porteur de la puce en fonction des informations dont elle disposera sur son "hôte". Les objets qui les porteront pourront transmettre du même coup des informations sur la personne qui les possèdent. Ce qui intéresse beaucoup les spécialistes du marketing…
Les inquiétudes concernent également le domaine militaire, car les nanotechnologies peuvent être un multiplicateur de force qui décuple la rapidité et la puissance sur le champ de bataille. La création d’armes nouvelles, croisant l’informatique, la chimie et la biologie, envahissantes et difficiles à détecter, pourrait transformer radicalement les conflits et modifier des équilibres stratégiques aujourd’hui fondés sur la logique de la dissuasion de type nucléaire. La diffusion de techniques communes au civil et au domaine militaire risque de modifier cet équilibre. Guerre ou pas guerre, l’espèce humaine a toujours envie d’inventer, d’aller de l’avant, elle a une confiance irrésistible dans ses capacités d’innovation.
Malheureusement, sur les 10 milliards de dollars qui ont été consacrés en 2005 au niveau mondial à la recherche et au développement dans le domaine des nanosciences, seuls 40 millions l'ont été à des fins de recherche sur les effets secondaires éventuels, soit en France, par exemple, seulement 0,4 % des investissements consacrés à la nano.
Les inquiétudes sont légitimes. L’idée d’une convention internationale d’évaluation des nouvelles technologies est indispensable. On n’arrête pas la recherche, mais un moratoire sur les applications et risques pourrait être une bonne direction. Des accidents se sont toujours produits, pour chaque nouvelle avancée humaine. Pas question de le cacher.
Mais alors pourquoi continuer à travailler sur les nanotechnologies ? Tout simplement parce qu’elle peuvent sauver des vies, et améliorer la vie de l’humanité. Une révolution qui fera faire à l’homme un immense pas en avant si elle est bien utilisée.
Alors oui, des dérives sont toujours possibles, et c’est pourquoi il faut à la fois poursuivre les recherches, et, dans le même temps, avoir constamment à l’esprit les risques pour l'homme, la vie en générale, et la planète.
- Les quatre épisodes de la série :
Prochainement
- Voir aussi :
LA NANOTECHNOLOGIE - Entre science et dangers
NANOTECHNOLOGIES - LA REVOLUTION INVISIBLE : Le meilleur des mondes
NANOTECHNOLOGIES - LA REVOLUTION INVISIBLE : Pour une planète plus verte ?
NANOTECHNOLOGIES - LA REVOLUTION INVISIBLE : L'homme amélioré ?
MERVEILLES DES MONDES INVISIBLES : L'infiniment petit
UN HOMME PRESQUE PARFAIT : Nanotechnologie - Génétique