PILLEURS D'ÉTAT : LES ABUS DE NOS ÉLUS
Pilleurs d'État - Les abus de nos élus, est une interview (0h25) de l'émission Bob vous dit toute la vérité, dont l'auteur du livre, Philippe Pascot, nous entraine à la découverte de ce que nos élus cachent sous le tapis de leur exemplarité affichée et de leur moralité quand elle touche à leurs privilèges. Il démontre à travers des faits concrets que le système lui-même, dans son immobilisme calculé, ne peut donner naissance qu'à des dérives illicites ou légales mais toujours totalement immorales ! Si tous les élus ne sont pas pourris, beaucoup sont complices...
Pourquoi nos élus en arrivent à se prendre pour des surhommes et s'en mettent plein les poches ? Cet ouvrage recense tous les abus légaux dans lesquels se vautre sans vergogne la classe politique française : Salaires exorbitants, exonération d'impôts, retraites douillettes, passe-droits et autres petits arrangements entre amis, le tout dans le cadre d'une loi faite sur mesure et qu'ils connaissent sur le bout des doigts.
Des faits et des actes révoltants, mis à jour sans concession mais sans esprit partisan, dans le seul but du droit à l'information pour tous.
C’est l’ancienne ministre Michèle Delaunay, députée de Gironde, qui a très bien décrit le phénomène sur son blog en septembre 2014. Elle y décrit le parcours carriériste de nombre de ses collègues qui suivent tous à peu près le même chemin, certains allant juste plus vite que d’autres.
Elle constate aussi que les élus, de plus en plus nombreux, et les parlementaires, ne savent rien de la vraie vie, celle des fins de mois difficiles, des courses à faire pour la semaine, des repas à préparer pour les enfants, de la voiture qui tombe en panne au mauvais moment, des transports en commun bondés et toujours en retard.
De tous ces petits détails, qui empoisonnent la vie quotidienne de tout un chacun, ils n’ont jamais connu l’ombre d’une miette. De la vie, ils ne connaissent que celle qu’ils se sont bâtie en consacrant l’essentiel de leur temps à atteindre le seul objectif qu’ils se sont fixé : Être élu.
Et comme le dit très justement Mme Delaunay, le virus sympathique du départ, cette envie de transformer le monde, d’aider son prochain, se mue en maladie incurable de celui qui sait tout, dont la parole devient d’évangile, la volonté de puissance remplace celle de bien faire : Le surhomme vient au monde. Celui qui, parce que le système le veut, perd toute spontanéité et se met à calculer ce que veut voir l’électeur et non ce qu’il faut faire en réalité pour l’intérêt général...
Car à ce stade de la carrière naissante de l’élu, celui-ci prend goût au pouvoir et à tout ce qu’il représente. Du jour au lendemain, son statut change, il cesse de faire partie du commun des mortels, il devient un personnage, un notable, quelqu’un de respectable et de respecté.
Le pouvoir que l’on vous octroie procure les avantages qui en sont l’accessoire, téléphone, Internet, frais de représentation, invitations diverses et variées…, eux-mêmes doublés d’un soupçon de privilèges et d’un zeste de passe-droits qui font que très vite, de tout là-haut sur le petit nuage, les vraies gens deviennent tout petits, voire insignifiants. Vous venez de toucher le gros lot et plus rien ne compte vraiment que la contemplation de ce que vous êtes devenu.
Une fois bien installé, l’élu, prenant goût à la fonction, commence à réfléchir et se demande comment faire pour que de locataire de son mandat, il en devienne propriétaire. Sans s’en rendre compte ou par calcul, pour toujours davantage d’élus, l’élu fait ce qu’on appelle "un plan de carrière". Il commence alors à cumuler un mandat pour la soif, un autre au cas où, une viceprésidence par-ci, un petit mandat local comme base de repli par-là, un territoire à garder pour avoir sa base arrière…
Le formatage des élus : Un frein à la diversité, la créativité et la prise de risques. On entre maintenant en politique, toutes tendances confondues, avec un plan de carrière préétabli. On va essayer dans un premier temps de gagner sa place au Soleil, puis de la garder et d’agrandir à mesure son terrain de jeu. Le tout entre gens du même monde, de la même corporation, qui se serrent les coudes quand on essaye de toucher à leurs prérogatives.
Certes, de temps en temps, ces gens se donnent quelques coups de griffes, mais en général ce sont plutôt des coups de pattes, comme le ferait une portée de chatons joueurs entre eux, juste pour désigner celui qui sera le dominant de la tribu.
Comme de plus en plus d’élus à responsabilités multiples ont quasiment le même parcours pour arriver au pouvoir, qu’ils sont tous issus à peu près des mêmes couches sociales, qu’ils ne travaillent, vivent, respirent quasiment qu’en vase clos, ils tombent sous le sens que la compréhension de la vie au quotidien leur échappe.
Dans le même moule de fonctionnement, ne vivant que pour et par leur carrière emportée de haute lutte, entourés d’une foule d’assistants courtisans qui les conseillent tout en montant autour d’eux un cordon sanitaire infranchissable pour celui qui n’est pas coopté par le « sérail », ces élus parlementaires aux mandats multiples ne peuvent plus comprendre et sentir les besoins d’une population dont ils ne font plus partie car ils n’en partagent plus rien, si ce n’est les petits fours lors des inaugurations, des comices agricoles et pince-fesses nombreux...
Ils décident, peaufinent, détaillent, inventent des règles et des lois qui sont à 100.000 lieues des préoccupations quotidiennes de la population. Comment des parlementaires peuvent-ils comprendre qu’il est difficile de vivre avec un revenu de 500 euros par mois alors que tous sont plus que largement à l’abri du besoin ? En 2012, il ne restait au sein du Palais-Bourbon qu’un seul député ouvrier. Depuis cette date, légère amélioration, il y a 11 députés ouvriers et employés, soit environ 3 % de l’ensemble de l’Assemblée.
Si on ne doit pas tomber dans les clichés simplistes et stériles, on est quand même obligé de constater que nos parlementaires ne sont plus à l’image de leurs mandants. La fracture entre ceux "d’en haut" et ceux "d’en bas" s’agrandit d’année en année.
Dans un rapport du Centre de recherches politiques de Sciences Po de 2012, on constate qu’il n’y a quasiment plus aucun parlementaire qui le devient au titre d’un premier mandat. Quasiment tous ont déjà une longue carrière politique ou d’appareil derrière eux. La plupart ayant commencé leur parcours avant 25 ans dans des instances politiques soit comme assistants parlementaires, soit comme conseillers municipaux ou régionaux.
La politique n’est plus vue comme un sacerdoce dans lequel on s’engage pour défendre la veuve et l’orphelin, mais comme une carrière au long cours. Il faut la gérer avec prudence au sein d’un groupe qui vous protégera, et sa continuité passera, pour beaucoup, par une soumission profonde sous des dehors de liberté apparente.
Sans soutien, sans appui, sans argent, il est quasiment impossible aujourd’hui de gagner une élection parlementaire. Le trublion qui vient déranger la machine bien huilée du parcours obligatoire du candidat programmé ne passe plus que très rarement la barre du premier tour. Il faut être du "sérail".
Tous ces élus forment un conglomérat bien tassé dont les couleurs politiques se distinguent de moins en moins, tant le fonctionnement interne de ce bloc uniformisé procède d’un immobilisme prudent nécessaire pour conforter un parcours politique qu’ils veulent sans risque.
Les parlementaires se gardent bien de s’aventurer dans des réformes profondes de la société en évolution ou sur des terrains trop voyants qui les exposeraient à la critique ou pire, à la vindicte populaire. La prise de risque altruiste s’amoindrit pour faire place à une prise de risque calculée qui n’entachera pas leur plan de carrière.
Extrait de "Pilleurs d'Etat", de Philippe Pascot, publié aux éditions Max Milo, 2015.
(atlantico.fr/pilleurs-etat)
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