GASLAND : DANGERS DU GAZ DE SCHISTE
GASLAND, est un documentaire (1h42) qui met au grand jour les pratiques extrêmement douteuses de certaines compagnies pétrolières et les dangers de l’exploitation du gaz de schiste, pour la planète et l'environnement, tout comme pour la santé des animaux et des humains. A la façon de Michael Moore, Josh Fox dépeint une réalité cauchemardesque visant une catastrophe écologique sans précédent au profit du profit.
Depuis qu’Hérodote planta en Perse son bâton dans une flaque de substance noire malodorante jusqu’à la deuxième guerre d’Irak, l’homme s’était contenté d’utiliser les hydrocarbures les plus proches de la surface. Stockés en grande quantité dans des poches, gaz et pétrole ne nécessitaient qu’un trou vertical plongeant à quelques centaines de mètres pour voir les combustibles affluer à la surface en geyser.
Pour les hydrocarbures restés en profondeur, l’affaire est bien plus délicate. Dans le millefeuilles de schiste, le gaz, ou le pétrole, est stocké en gouttelettes. Au lieu d’un petit ballon bien plein à quelques centaines de mètres de la surface, le réservoir est une sorte d’éponge étalée sur des centaines de kilomètres carrés à plus de 2.000 mètres de profondeur. Or, vider une éponge avec une paille est épuisant, voire impossible, et surtout pas très rentable... Alors, nouvel or noir du 21ème siècle ou ressource nocive pour l'homme et l'environnement ?
Le point de départ de Gasland est une lettre adressée à Josh Fox, le réalisateur. Elle lui propose cent mille dollars pour pouvoir forer des puits d'exploitation du gaz de schiste sur sa propriété, en Pennsylvanie, un Eden forestier bordé par une rivière cristalline où ses parents ont construit une maison dans les années 1970. Il décide alors de partir enquêter pour constater son impact sur le plus long terme. Du Colorado, en passant par le Wyoming, l'Utah ou encore le Texas, il part à la rencontre des résidents pour en recueillir les récits, interroger des scientifiques, des personnalités politiques et des représentants de l'industrie gazière.
Sachant que George W. Bush, en 2005, a dispensé les industries de l'énergie du respect des lois environnementales protégeant l'air et l'eau en passant une loi sur l'énergie qui exempte la fracturation hydraulique des régulations du Clean Water Act, les entreprises ne sont alors pas contraintes de révéler au public l'intégralité des produits chimiques présents dans le liquide de fracking pour une question de protection de secrets industriels, et que la multinationale Halliburton, qui fut dirigée par l'ex-vice-président Dick Cheney, l'un des géants du pétrole, est pionnière dans l'exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique, Josh Fox, pour savoir à quoi il s'expose, entreprend d'enquêter.
Puisqu'il s'agit d'injecter violemment dans le sol, à quelque 2.500 mètres de profondeur, un cocktail de 596 substances chimiques dangereuses, comme les éthers de glycol, comment les compagnies et les autorités qui leur délivrent des permis d'exploitation, garantissent-elles la sécurité de ceux qui vivent à proximité ? La réponse, stupéfiante, apparaît d'emblée pour se confirmer tout au long d'un périple à travers les dizaines d'États concernés, elles ne la garantissent pas !
Si les scientifiques s'accordent à dire que la technique dite de fracturation hydraulique ou Fracking, consistant à injecter eau et produits chimiques dans la roche pour en libérer le gaz n'est pas sans danger pour les riverains des puits de forage, Didier Bonijoly, lui, plaide pour plus de transparence. Directeur adjoint des Géoressources au BRGM, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières, le chercheur en appelle à une meilleure application des bonnes pratiques par les industriels. Plus encore, il importe selon lui que pouvoirs publics, scientifiques, mais également industriels soient également soumis aux mêmes normes de transparence.
Comme dans tout processus chimique, les éléments de la fracturation hydraulique, sont la nature et la quantité des ingrédients. Si les recettes varient beaucoup, un élément reste. En effet, la fracturation hydraulique exige d’énormes quantités d’eau. Chaque opération nécessite entre 7.500 à 15.000 mètres cubes d’eau, soit plus de 10 fois la consommation annuelle d’eau d’un ménage français. Des quantités à multiplier par le nombre de fois où un puits peut être fracturé. À raison de 3 à 4 puits par kilomètre carré pour exploiter correctement une couche, la note d’eau monte vite. Le principal problème étant qu’une partie de ces énormes quantités d’eau, de 20 à 70%, stagne au fond des puits et que la mixture qui remonte en charriant le gaz ou le pétrole est parfois impossible à traiter.
En Pennsylvanie, l’Agence de Protection de l’Environnement EPA, a relevé des taux de radioactivité de 50 à plusieurs milliers de fois supérieurs aux normes fédérales. Géologue au Museum d’Histoire naturelle, Violaine Sauter n’y voit là rien de surprenant car, à cette profondeur, l’eau et les produits chimiques activent des substances inertes qui dégagent uranium et radium liquide dans le mélange de fracturation. Un mélange souvent déjà bien chargé.
Parmi les arguments-clefs présentés par les défenseurs des gaz de schiste figure en bonne place le soi-disant meilleur bilan carbone de cette énergie à combustion. Or, c’est oublier un peu vite les quantités de gaz à effet de serre rejetées pendant son extraction. En plus du trafic de camions chargés des matériaux et substances nécessaires à la fracturation, chaque puits de gaz de schiste comporte un ou plusieurs séparateurs, sorte de réservoirs verticaux où les eaux usées qui remontent du puits sont séparées du gaz, surmontés de auvents qui distillent dans l’air d’invisibles nuages de CO2, dioxyde de soufre, méthane, etc.
Une fois extraites du mélange, les eaux usées sont entreposées dans des bassins d’évaporation pour être réduites, laissant échapper dans l’atmosphère des vapeurs des produits utilisés pour la fracturation, et rien qu’à imaginer le mélange, la tête peut vite tourner.
Par ailleurs, une vaste enquête réalisée par le New York Times démontre les conséquences sanitaires de cette source énergétique. Le quotidien américain s’appuie sur 30.000 pages de rapports secrets de l'EPA, l’Agence de Protection de l’Environnement, pour étayer son discours. Rien que dans l’état du Texas, les médecins ont constaté que le quart des enfants soufrent d’asthme, soit trois fois plus que dans le reste de la population…
Le Times a également trouvé des études jamais publiées par l’EPA et une étude confidentielle de l’industrie du forage qui, toutes, concluaient que la radioactivité des eaux usées de forage ne pouvait être complètement diluées dans les rivières ni dans quelque autre voie d’eau que ce soit.
Josh Fox met en lumière une catastrophe écologique sans précédent, par contamination de l'air, des cours d'eau et des nappes phréatiques, problèmes de santé chroniques avec des habitants malades, animaux morts, ou encore l'eau du robinet qui s'enflamme...
Pour lui comme pour les dizaines de familles qui vivent près des forages et qu'il a rencontré, il n'y a aucun doute, les nappes phréatiques, les rivières et les réseaux d'eau domestique sont contaminés par les forages à proximité. Une fois le cocktail toxique enfoui six pieds sous terre, impossible de faire marche arrière.
Enquête indispensable et passionnante, Gasland est le grain de sable qui pourrait gripper la nouvelle cosmopompe de l'industrie gazière et nous sauver d'une catastrophe écologique provoquée par l'extraction des gaz de schiste.
Pour en savoir plus, tapez dans votre moteur de recherche : Gasland, dangers du gaz de schiste, etc., et jugez par vous-même...
- Voir aussi :
CAPITAL TERRE : Quelles solutions pour vivre sans pétrole ?
CONTEXTE PLANÉTAIRE : L'homme et la nature en danger
SURVIVRE AU PROGRES - Conséquenses et responsabilités
ALERTE À BABYLONE : Biodiversité en danger
LA FAUSSE PROMESSE D'UNE ÉNERGIE PROPRE
MARKETING VERT : Le grand maquillage
Gaz de schiste : Pollution massive
Schiste, un gaz sous haute pression