HOME - Yann Arthus-Bertrand
Home, est un film documentaire (1h33) sur l'état de notre planète, les causes et conséquenses de la surconsommation de ses ressources par l'homme et son inconscience. De Yann Arthus-Bertrand, produit par Luc Besson.
En quelques décennies seulement, l'homme a rompu un équilibre de près de 4 milliards d'années d'évolution de la Terre et met son avenir en danger. Grâce à de superbes images tournées en Islande, le film évoque d’abord la naissance de la vie sur Terre, et souligne l’importance de l’eau et des cyanobactéries qui parviennent à capter l’énergie solaire. Peu à peu, la quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère va diminuer et la vie devenir possible.
Ensuite, l’homme entre en scène, invente l’agriculture, fonde les villes et donc bouleverse très vite l’équilibre longtemps maintenu avec notre planète. Désormais, la Terre sera domestiquée pour nous nourrir. Aujourd’hui encore, la moitié des habitants de notre planète travaille dans l’agriculture, mais c’est surtout l’utilisation de l’énergie végétale qui va bouleverser la donne.
Avec le pétrole et le gaz, l’homme s’offre un confort inégalé. Un litre de pétrole va remplacer le travail de cent personnes pendant 24 heures. En moins de 50 ans, la population va doubler et s’approcher des 7 milliards. L’agriculture devient intensive, gaspille l'eau, favorise les monocultures, et transforme les paysages. Almeria et ses serres à perte de vue devient le symbole de l'agriculture industrielle, grande consommatrice de produits chimiques.
Le film évoque aussi le succès du modèle urbain américain, basé sur la voiture et qu'on retrouve désormais jusque dans les banlieues de Pékin, ou les architectures de Dubaï.
Le monde marin est lui aussi pillé et la surpêche industrielle a vidé les océans, plongeant les pêcheurs traditionnels dans la misère. L'eau est également menacée par l'incroyable croissance de la demande, notamment dans les pays arides comme Israël ou l'Arabie Saoudite qui ont une agriculture irriguée gloutonne. Le paroxysme est atteint avec Las Vegas et sa consommation de 1000 litres d'eau par habitant et par jour.
Le documentaire souligne encore l'importance écologique des zones humides, des mangroves et bien sûr des forêts tropicales, de plus en plus menacées par le succès du bétail, du soja, des biocarburants ou de l'eucalyptus. Le Nigeria et sa grouillante capitale économique Lagos, permettent d'évoquer un pays plongé dans la pauvreté à cause ou malgré une production pétrolière au premier rang du continent.
La plupart des villes des pays pauvres subissent d’ailleurs une croissance explosive et accueillent l'essentiel de leurs nouveaux habitants dans des bidonvilles, soit un milliard de personnes. Une pauvreté soulignée par la crise alimentaire et le nombre croissant de personnes souffrant de la faim.
Dans la lignée du film Une vérité qui dérange, Yann Arthus-Bertrand s'attarde également sur les signes du réchauffement climatique, particulièrement perceptibles en Arctique où la banquise a perdu 40% de son épaisseur et 30% de sa surface. Sa disparition totale attendue vers 2030 pourrait intervenir encore plus tôt. Les calottes glaciaires suscitent aussi de l'inquiétude, notamment celle du Groenland dont la fonte déjà engagée pourrait faire monter le niveau des mers de plusieurs mètres. Ce réchauffement menace directement les états insulaires et toutes les régions côtières. Le mouvement pourrait encore s'accélérer avec la fonte du permafrost de Sibérie, véritable bombe climatique avec tout le méthane qu'il contient.
La situation de notre planète semble accablante, mais heureusement la fin du film se veut plus optimiste. Le côté anxiogène est heureusement compensé par l’éveil actuel des consciences qu'il met en avant tout en mettant l'accent sur la nécessité d’agir face à cette emprise croissante de l’homme sur l’environnement. Pas de solutions miracles, mais quelques pistes abordées comme le rôle de la banque aux pauvres du Bangladesh, du succès des zones protégées, l’importance du commerce équitable ou des éco-quartiers, le développement des énergies renouvelables.
Pour ce film à gros budget de douze millions d'euros, Yann Arthus-Bertrand a su convaincre pour le réaliser. François-Henri Pinault, patron du groupe Pinault-Printemps-Redoute, propriétaire des marques Yves Saint Laurent, Gucci, Puma, Fnac, Conforama etc., a signé un chèque de dix millions. France Télévisions et la Fondation du Qatar ont mis le reste.
Son film est d'abord visuellement magnifique. En nous offrant les images inédites de plus de 50 pays vus du ciel, et en nous faisant partager son émerveillement autant que son inquiétude, Yann Arthus-Bertrand a le mérite de réveiller les consciences, individuelles, politiques, étatiques. L'autre mérite du film est d'aborder les principaux enjeux écologiques de la planète avec un discours pédagogique adapté au grand public, même si Yann Arthus-Bertrand ne fait pas l’humanité chez tous les écologistes.
- Voir aussi :
THRIVE - What on earth will it take ? - "Prospérer sur Terre"
POPULATION ZERO - Un monde sans homme
SURVIVRE AU PROGRES - Conséquences et responsabilités
SURCONSOMMATION - J'ACHÈTE, JE JETTE : Capital Terre M6
CONTEXTE PLANÉTAIRE : L'homme et la nature en danger
LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE : INFO OU INTOX ?
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