LE SCANDALE DU GASPILLAGE ALIMENTAIRE - Sommes-nous conscients ?
Le scandale du gaspillage alimentaire, est un reportage (0h51) sur ce gâchis à grande échelle de notre société de consommation et de ses influences, une enquête au constat effrayant et aberrant.
A moins de trouver une autre planète à coloniser, que fera l’homme quand il aura épuisé les ressources de la Terre ? Un américain consomme cinquante fois plus qu'un habitant du Bangladesh. Notre planète est-elle capable de faire vivre décemment 7 milliards d’individus ?
Si l’humanité continue sur sa lancée, c’est assez peu probable. Le modèle de développement actuel n’est pas soutenable à long terme. Il est basé sur la destruction de l’environnement et l’épuisement des ressources naturelles. La seule façon de changer la donne serait de consommer moins, de rompre avec les habitudes de gaspillage encouragées par l’économie mondialisée.
Dans l’arrière-cour des grandes surfaces, des poubelles accueillent chaque jour des tonnes d’aliments parfaitement consommables. Pour rien au monde, les supermarchés ne divulgueraient leur pourcentage de déchets. C’est l’industrie agroalimentaire qui définit les dates de péremption sur les produits, et non une quelconque autorité officielle.
Moins pour des raisons de santé que pour accélérer la rotation des stocks, ces délais sont de plus en plus courts. Dépasser la date limite de consommation n’est dangereux que pour les aliments crus et frais tels que la viande, le poisson, les fruits de mer, les oeufs, mais beaucoup de gens l’ignorent. Ils pensent que la mention “à consommer de préférence avant le” est une règle absolue. Alors, ils jettent.
D’un bout à l’autre de la chaîne alimentaire, tout le monde jette : Les ménages, les détaillants, les grossistes, les restaurants, les cantines, les producteurs.
En fait, le gaspillage commence dès la récolte car le commerce impose des critères qui n’ont rien à voir avec la qualité nutritive des aliments. Les tomates doivent avoir une certaine couleur, les concombres ne doivent pas être tordus, les bananes doivent être calibrées. Les producteurs qui ne se plient pas à ces normes sont exclus du marché.
Du champ à nos assiettes, l’ensemble des pertes alimentaires est estimé à plus de 50 % de la production agricole mondiale ! Rien qu’en Europe, les foyers jettent pour 100 milliards d’euros de nourriture chaque année. C’est un gâchis phénoménal, dont le consommateur moyen ne semble pas avoir conscience.
La démesure de l’offre, la multiplicité des sollicitations, les promotions, les emballages séduisants, l’ambiance musicale euphorisante lui donnent envie de se surpasser. Charmé par les sirènes du marketing agroalimentaire, il “libère sa pulsion d’achat”, comme on s’abandonne dans l’orgasme.
“Nous n’achetons plus par réel besoin. Nous achetons des produits pour le cas où ils nous seraient utiles. Nous tentons de prévoir toutes les situations qui peuvent se présenter dans la vie, toutes les ambiances possibles. De temps en temps, nous nous rendons compte que ce choix est trop vaste par rapport à notre petite existence, alors nous jetons une fois de plus”, analyse Stephan Grünewald, directeur de l’Institut Rheingold de Cologne, spécialisé dans les études de marché.
De même que l’économie est déconnectée de la réalité, l’homme moderne est coupé de ses besoins réels. Centré sur la satisfaction immédiate de ses désirs et intolérant à la frustration, il surconsomme pour compenser la banalité de la vie quotidienne. Bien souvent, il ne sait pas exactement ce qu’il achète. A l’instar de ces enfants des villes qui confondent les tomates et les pommes, qui croient que la viande pousse sous plastique, qui se demandent d’où vient le miel, il a oublié que la nourriture provient d’organismes vivants.
Mais qu’importe, il consomme, et c’est finalement tout ce qu’on lui demande. C’est son rôle dans la chaîne alimentaire. Cette gabegie invraisemblable donne la nausée. Pour produire ces aliments, il a fallu consommer d’énormes quantités d’énergie, détruire des forêts entières. L’agriculture mondiale est à l’origine d’un tiers des gaz à effet de serre. Si nous réduisions de moitié la quantité de nos déchets alimentaires, cela équivaudrait à supprimer une voiture sur deux.
Outre son impact sur l’environnement, ce gaspillage a une incidence sur le prix des matières premières. La demande internationale de blé ne cesse d’augmenter, et la hausse des cours frappe des millions de gens dans le monde, les plus pauvres. La plupart des pays africains, qui doivent importer la majeure partie de leur blé au prix fort, sont notamment touchés et, selon un économiste spécialiste de ces questions, une nouvelle crise alimentaire mondiale est à prévoir. Souvenons-nous de 2008, de la flambée des cours du blé, des manifestations dans 40 pays, des émeutes et des morts.
Tout cela, à en croire Joachim von Braun, directeur général de l’Institut International de Recherche sur les Politiques alimentaires, va se reproduire. Et le gaspillage de l’Occident y aura contribué de manière indirecte.
(Eric de Saint-Angel)
- Voir aussi :
LES ABERRATIONS DE NOTRE ALIMENTATION
GASPILLAGE ALIMENTAIRE : Révélations sur un Immense gâchis
GLOBAL GÂCHIS : Le scandale mondial du gaspillage alimentaire
7 MILLIARDS SUR TERRE : Comment tous se nourrir sans détruire la planète ?
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