LES MOISSONS DU FUTUR : Comment l’agroécologie peut nourrir le monde
Les moissons du futur, est un documentaire (1h35) de Marie-Monique Robin qui s'intéresse aux exemples d'agriculture sans pesticides ayant fait leur preuve grâce aux agriculteurs du monde entier qui pratiquent l'agroécologie, une approche positive pour le futur de l'alimentation et de la planète.
Ce sont les pesticides et le modèle économique qu'ils incarnent qui affament le monde, et il est tout à fait possible de le nourrir sans pesticides, assure Marie-Monique Robin, journaliste et réalisatrice, qui avait déjà produit un film contre la firme Monsanto, l'industrie des semences et des OGM, intitulé Le monde selon Monsanto en 2008, et Notre poison quotidien en 2011, qui dénonçait les dangers des produits chimiques sur la chaîne alimentaire pour la santé humaine qu'entraînent l'utilisation des pesticides, documentaires en liens ci-dessous.
Cette fois, elle consacre Les moissons du futur aux bienfaits de l'agroécologie pour nourrir la planète. Son documentaire dresse tout d'abord un état des lieux alarmant des conséquences de la révolution verte de l'après guerre avec l'usage généralisé des engrais chimiques et des pesticides, la réduction de la diversité végétale au profit de variétés à hauts rendements, le recours à l'irrigation massive, etc.
La journaliste démonte les arguments de l'industrie agro-alimentaire pour qui il n'y a pas d'alternative aux pesticides et qui prétend que l'agriculture bio entraînerait une baisse de la production de 40 % et une augmentation des prix de 50 %. Peu avant de débuter son enquête, Marie-Monique Robin avait rencontré à Genève Olivier de Schutter, le rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation des Nations Unies, qui dit exactement le contraire.
"Si on supprime les pesticides, la production agricole chutera de 40 % et on ne pourra pas nourrir le monde !". Prononcée par le patron de l’industrie agro-alimentaire française, cette affirmation est répétée par les promoteurs de l’agriculture industrielle. De son côté, Olivier de Schutter, qui a rendu son rapport aux Nations unies, affirme qu’il faut changer de paradigme, car l’agriculture est en train de créer les conditions de sa propre perte. Pour lui, seule l’agroécologie peut relever le défi de la faim et répondre aux besoins d’une population croissante. D’après la FAO, il faudra augmenter la production agricole de 70 % pour nourrir 9 milliards de terriens en 2050.
Comment y parvenir ? C’est à cette question que répond Marie-Monique Robin, en menant l’enquête sur quatre continents. S’appuyant sur les témoignages d’experts mais aussi de nombreux agriculteurs, elle dresse le bilan du modèle agro-industriel car, non seulement il n’est pas parvenu à nourrir le monde, mais il participe largement au réchauffement climatique, épuise les sols, les ressources en eau, la biodiversité, et pousse vers la pauvreté des millions de paysans. Marie-Monique Robin explique que, pratiquée sur des exploitations à échelle d’homme, l’agroécologie peut être hautement efficace et qu’elle représente un modèle d’avenir productif et durable.
Du Mexique au Japon, en passant par le Malawi, le Kénya, le Sénégal, les États-Unis ou l’Allemagne, son enquête étonnante montre que l’on peut faire autrement pour résoudre la question alimentaire en respectant l’environnement et les ressources naturelles, à condition de revoir drastiquement le système de distribution des aliments et de redonner aux paysans un rôle clé dans cette évolution.
Olivier de Schutter explique pourquoi l’agroécologie est bien plus en mesure de nourrir le monde et de répondre au défi du changement climatique que l’agriculture industrielle, qui a échoué sur ces deux fronts puisque aujourd’hui, près d’un milliard de personnes souffrent de la faim, malgré les énormes moyens déployés depuis cinquante ans pour promouvoir le modèle agrochimique, qui, de plus, est responsable de 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, alors que l’agriculture devrait être une activité captatrice de CO2. Si l’agriculture industrielle participe largement au réchauffement climatique, c’est notamment parce que ses adeptes utilisent des engrais et pesticides chimiques fabriqués avec des énergies fossiles tels que le gaz et le pétrole, ainsi que des techniques qui consomment énormément d’énergie comme la mécanisation, l'irrigation, les transports, etc. Il est urgent de changer de cap.
Avec ce film, Marie-Monique Robin entend donc sortir du discours dominant qui prétend que si on sort de l'industrie agro-alimentaire, c'est la famine assurée. Elle va montrer au contraire que l'agroécologie permettrait de nourrir la planète, tout en pointant les raisons qui expliquent qu'aujourd'hui encore l'humanité ne mange pas à sa faim. Son investigation démontre que rien n'est inéluctable et que l'on peut faire. Par exemple, l'association des cultures de maïs, d'haricots et de courges à Milpa au Mexique, la semence de soja au milieu de trèfle rouge et de seigle fraîchement coupé en Allemagne, la plantation d'arbres fertilisants au Malawi, ou encore l'alliance entre paysans et consommateurs à Teikei au Japon.
Contrairement aux deux documentaires précédents, ce film se veut optimiste en proposant l'agroécologie comme voie de salut, c'est-à-dire une agriculture biologique qui ne se résume pas à un cahier des charges, mais qui doit incarner un projet de société en alliant respect des ressources naturelles, préoccupations sociales, qualité et hauts rendements.
- Les documentaires de Marie-Monique Robin :
- Voir aussi :
LA MORT EST DANS LE PRE - Pesticides et Santé
7 MILLIARDS SUR TERRE : Comment tous se nourrir sans détruire la planète ?