DANS LA PEAU D'UN CHÔMEUR DE PLUS DE 50 ANS
Dans la peau d'un chômeur de plus de 50 ans, est un reportage (0h52) diffusé sur France 5 qui s'intéresse au chômage des gens de plus de 45 ans que la société française ne considère plus malgré leurs expériences et compétences. L'auteur et réalisateur, Gilles de Maistre, a enquêté afin de comprendre cette situation abérrante et ce que ressentent ces personnes précarisés. Pour démarrer la vidéo, patientez ou cliquez sur start vidéo.
Pour approcher d’au plus près l’épreuve du chômage qui frappe ainsi plus d'un million de dits « seniors », Gilles de Maistre est devenu pendant huit mois Gilles Lafon, responsable commercial sans emploi. Une expérience riche de rencontres et pleine, aussi, de difficultés.
Ces dernières années, le chômage des seniors a grimpé en flèche : En France, 21,6 % des chômeurs ont aujourd’hui plus de 45 ans. Pour vivre « de l’intérieur » les épreuves qu’ils traversent, Gilles de Maistre s’est donc inventé une identité. Devenant commercial aguerri, le journaliste a suivi le parcours du combattant d’un demandeur d’emploi quinquagénaire.
Sa première visite auprès d’une conseillère de Pôle Emploi n’augure rien de bon : « On essaie de vous aider à trouver du boulot ou à trouver un nouveau projet professionnel. On ne peut pas vous donner du travail parce que s’il n’y a pas d’offres, il n’y a pas d’offres. »
Depuis sa première visite auprès d'une conseillère Pôle Emploi en passant par des séances en ateliers ou des relookings, zoom sur une expérience riche de rencontres et d'enseignements.
Après avoir peaufiné son nouveau CV avec Noémie de Saint-Sernin, une directrice des ressources humaines, le Prix Albert Londres a mis son profil en ligne, répondu à des petites annonces, participé à des salons spécialisés – forum emploi et job dating. Brigitte, une ex-assistante de direction croisée, le met en garde : « Il faut séduire, explique-t-elle. Mais le problème, c’est le salaire : on ne vous propose que des salaires de débutant. »
A la Cité des métiers de la Villette, à Paris, cap sur un atelier où l’on aide les seniors à « dynamiser leur deuxième partie de carrière ». Un chemin de croix pour Edmond, dont il fait la connaissance. Au RSA, cet ancien vendeur de 53 ans cherche un emploi depuis dix ans. Après deux mille lettres envoyées, il est épuisé : « Ils prennent des gens qui ont moins de 35 ans, maximum. »
Un vrai parcours du combattant. Quatre mois déjà que Gilles Lafon, alias Gilles de Maistre, est en quête d’un poste et toujours rien en vue. Une séance de relooking, mise en place à Palaiseau par l’association Avec, lui offre un petit moment de détente. De quoi être boosté pour se présenter à une session de recrutement pour un poste de télévendeur organisée à la Maison de l’emploi du XIIIe arrondissement de Paris. Une douche froide l’y attend…
Optant pour la recherche d’une mission de courte durée, il croise dans une agence d’intérim Yves, 54 ans. Ancien DRH dans une grande banque, Yves est sur la touche depuis cinq ans : « On sent que la crise est là, qu’il y a énormément de DRH sur le marché. Avant, j’avais l’embarras du choix. » A Nantes, l’association Aspro, qui épaule les seniors sans emploi en Loire-Atlantique, organise des « cafés actifs ». « Quand on a 45 ans, on n’est pas vieux, on a encore vingt ans à travailler », défend Jean-Yves L’Anton, cofondateur de l’initiative.
Sébastien Bompard, chasseur de têtes et président de l’association A compétence égale, s’insurge lui aussi contre les idées reçues : « Aujourd’hui, beaucoup de seniors se mettent à leur compte, travaillent en consulting, sont prêts à déménager, à s’expatrier. On ne met pas assez en avant ces qualités et la souplesse dont ils témoignent. »
A Face (Fondation Agir contre l’exclusion), on rappelle les fondamentaux au petit groupe dans lequel Gilles s’invite : « Le CV, c’est votre histoire, et votre histoire, elle ne m’intéresse plus. Ce qui m’intéresse, c’est ce que vous voulez faire, ce que vous avez envie de faire, mais en ne rêvant pas. »
Après plusieurs après-midi de coaching, Daniel, l’un des participants, a retrouvé confiance en lui : « Il faut que les recruteurs, au sens très large du terme, arrêtent de penser que les plus de 45 ans sont des gens qui ne sont pas malléables. On a autant envie de bosser, si ce n’est plus, que dans d’autres tranches d’âge… »
(Christine Guillemeau)