TOUS COBAYES : Le débat sur les OGM et le nucléaire
Débat autour du film documentaire Tous Cobayes (1h12) avec Jean-Paul Jaud et Corinne Lepage, sur les sujets des OGM en rapport avec l'étude du professeur Gilles-Eric Séralini, ainsi que du nucléaire avec ses conséquences causant des dégâts matériels, humains et écologiques, dont la radioactivité imperceptible.
A la suite du succès des documentaires, Nos enfants nous accuseront, en lien ci-dessous, et de Severn, la voix de nos enfants, le troisième long métrage de Jean-Paul Jaud dénonce l'opacité du développement et de la mise en oeuvre des technologies aussi controversées que le nucléaire et les OGM.
Il s’attaque une nouvelle fois aux défis environnementaux, en donnant la parole aux agriculteurs japonais de Fukushima, sénégalais ou français, aux scientifiques, aux politiques ou aux militants. Autant de personnes qui s’expriment librement sur ces deux problématiques majeures. Son film, en rapport avec ce débat, apporte une vision transversale entre ces deux technologies, génétique et nucléaire, des alternatives positives, mais surtout des réponses sans appel sur l’irréversibilité et la contamination inévitable du vivant.
Comment se fait-il que les OGM agricoles soient dans les champs et dans les assiettes alors qu'ils n’ont été testés que pendant trois mois sur des rats ? Comment se fait-il que l’énergie nucléaire soit toujours l’énergie du futur alors que les hommes ont vécu Tchernobyl et Fukushima ? Les conclusions seraient-elles accablantes ? Jean-Paul Jaud raconte comment avec Tous Cobayes, il dresse les mêmes constats sur deux sujets.
"Les OGM d’abord, qui sont aujourd’hui de plus en plus exploités sachant qu’on ne maîtrise pas les effets, alors que la nature réagit et que certaines maladies apparaissent, mais encore une fois, face à la pression de grandes multinationales, on ne nous dit pas la vérité. Le nucléaire ensuite, car c’est exactement la même logique, nous sommes dans l’opacité et le mensonge. Des prédateurs cupides nous l’imposent. Après le terrible accident de Tchernobyl en avril 1986, l’invisible radioactivité a resurgit avec l’explosion de la centrale de Fukushima au Japon en mars 2011, causant des dégâts matériels, humains et écologiques innommables. Je suis allé tourner à Fukushima et j’ai vu que le nucléaire entraîne la destruction. Il y avait avant le drame de Fukushima 54 réacteurs nucléaires en fonctionnement. Aujourd’hui, ils sont tous à l’arrêt, et cela n’empêche pas l’économie japonaise de s’en sortir, d'ailleurs, le Japon a annoncé l’arrêt total de sa production nucléaire d’ici 30 ans.
Je ne veux pas dresser un portrait anxiogène, mais mon devoir est d’informer les gens, de dresser un constat, de dénoncer les méthodes et aussi de proposer des solutions. Pour moi, les médias dépendent la plupart du temps des mêmes multinationales qui n’ont plus aucun respect pour notre écosystème, mais seulement du respect pour leur compte en banque.
En laissant faire cela, nous risquons de le payer très cher et surtout de le faire payer aux générations futures. Je ne suis pas un idéaliste, je sais qu'il existe des solutions de substitution".
En ce qui concerne les OGM, Jean-Paul Jaud a suivi pendant deux ans les travaux de l'équipe du professeur Gilles-Eric Séralini, qui vient de démontrer la dangerosité potentielle des OGM sur la santé des consommateurs. De 2009 à 2011, dans le secret le plus absolu, le professeur Séralini a mené au sein du CRIIGEN, le Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie Génétique, une expérience aux conséquences visibles, sur le maïs NK-603 de l'industrie Monsanto cultivé sur 80% du sol américain, et importé en Europe, avec le pesticide Roundup. Il s’agit de la plus complète et de la plus longue étude de consommation d'un OGM agricole avec le pesticide Roundup faite sur des rats de laboratoire.
Les conclusions sont édifiantes. La publication de l’étude du professeur Gilles-Eric Séralini sur le maïs OGM NK-603 et le Roundup a soulevé de nombreuses inquiètudes et provoqué de multiples réactions.
Depuis, après les académies nationales d’agriculture, de médecine, de pharmacie, des sciences, des technologies et vétérinaires, c’est au tour du Haut conseil sur les biotechnologies et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, de relever de nombreuses insuffisances dans l’étude de Séralini. La communauté a toutefois souligné qu’une nouvelle étude doit être menée afin de prouver si oui ou non ce maïs ne présente pas de danger à la consommation.
Corinne Lepage précise : "Il faut absolument que nous obtenions la publication des données qui ont permis la délivrance des autorisations de mise sur le marché des OGM. Il est intolérable que les éléments concernant le pesticide Roundup et les OGM ne soient pas rendus publics. Il ne peut pas y avoir de débat scientifique si les chercheurs n’y ont pas accès. Or aujourd’hui, elles sont cachées. Je demande aussi que l’analyse qui a été faite de l’étude de Gilles-Eric Séralini, sur le plan statistique, soit faite à toute les études qui ont permis la mise sur le marché des OGM.
On doit en outre revoir tous les systèmes d’évaluation, et exiger des études de toxicité de long terme, comme le texte le prévoit d’ailleurs. Enfin, il faut un mode de désignation du panel OGM de l’Efsa et se poser la question des autorisations déjà données. Il reste encore beaucoup à faire..."
- Voir aussi :
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LA MORT EST DANS LE PRE - Pesticides et Santé