GÖBEKLI TEPE - LA NAISSANCE DE L'HUMANITÉ
La naissance de l'humanité, est un documentaire (0h45) de la série De l'ombre à la lumière, qui revient sur le site de Göbekli Tepe en Turquie où le plus ancien temple en pierre a été découvert, que les archéologues ont fouillé et daté à environ 12.000 ans avant notre ère, et qui pourrait changer les croyances sur nos connaissances de la préhistoire.
Le temple de Göbekli Tepe a été bâti au sud-est de l’Anatolie, région de l’actuelle Turquie, 7.000 ans avant les pyramides égyptiennes, et environ 6.000 ans avant Stonehenge. Une série de pierres gravées trouvées ensevelies sous la terre témoignent d'un savoir-faire et d'une organisation que les archéologues pensaient inconnus à cette époque.
Une découverte fascinante qui suscite de nombreuses hypothèses sur la civilisation à l'origine de l'édification de la structure. L'enfouissement du temple intrigue particulièrement Klaus Schmidt, qui dirige le chantier archéologique. Selon lui, une chose étrange s'est produite vers 8.000 an av. J.-C., pendant la transition vers l'agriculture. Göbekli Tepe a été enterrée délibérément, et non pas par une coulée de boue. Pour des raisons inconnues, les bâtisseurs ont décidé d'enterrer le site. La terre retirée sur les pierres a été placée ici par l'homme. Toutes ces collines sont donc artificielles.
Les archéologues ont mis au jour un sanctuaire monumental parmi les plus anciens connus en Occident. Le temple en lui-même est une colline artificielle, aux murs faits de pierres sèches non sculptées. Chaque pièce est une construction mégalithique ronde. À ce jour, quatre enceintes dessinées par d’énormes piliers de calcaire pesant plus de 10 tonnes ont été dégagées. Selon Klaus Schmidt, elles symbolisent des assemblées humaines, et les pierres levées, disposées en cercle, représentent des personnages stylisés
Il y a quelques années, Klaus Schmidt et son équipe découvrirent une pierre en forme de T, à moitié extraite d’un lit de pierre à chaux, à un km du site. Cette énorme pierre mesure 9 mètres de long et était apparemment destinée à rejoindre les autres piliers de Göbekli.
Les analyses géomagnétiques des montagnes artificielles de Göbekli Tepe indiquent qu’au moins 250 pierres supplémentaires seraient encore enfouies dans le sol. À ce jour, quarante pierres monumentales en forme de T et atteignant 3 mètres de haut ont été sorties de terre, la plupart gravées. Sur certains piliers, on peut voir de nombreux animaux finement représentés comme, des serpents, canards, grues, taureaux, renards, lions, sangliers, vaches, scorpions, fourmis. Certaines de ces gravures ont été volontairement effacées, sans savoir pourquoi.
Göbekli Tepe fut enregistré en tant que site archéologique en 1963 dans le cadre de recherches turco-américaines. Une équipe d'archéologues américains, dont Peter Benedict, remarqua plusieurs collines étranges recouvertes de milliers de silex cassés, ce qui est un signe certain d'activité humaine, mais les scientifiques n'eurent pas le temps et les finances pour procéder à des fouilles.
Trois décennies plus tard, un berger de la région aperçut un groupe de pierres aux formes étranges sortant du sol poussiéreux. La redécouverte du site parvint aux oreilles des conservateurs du musée de la ville de Şanlıurfa, à cinquante kilomètres. Les responsables du musée contactèrent le ministère approprié, qui, en retour, se mit en relation avec l'Institut archéologique allemand à Istanbul.
Le site fut donc l'objet de fouilles à partir de 1995, année durant laquelle le Musée de Şanlıurfa et l'Institut archéologique allemand commencèrent la fouille du site. Klaus Schmidt dirigea le chantier archéologique depuis le début. En 2006, les fouilles dépendaient de l'Université de Heidelberg, l'Université de Karlsruhe, associée, s'occupant du référencement des artéfacts découverts.
Il y a aussi des sculptures isolées semblant être des représentations de sanglier, de renard, de tatous ou d'oies, des animaux non communs à la région. Vu qu'elles sont faites d'argile, et particulièrement craquelées, il est difficile de le déterminer. Des statues de même type ont été trouvées à Nevali Cori et Nahal Hemar. Les ateliers de sculpture ayant créé ces statues seraient situés sur le plateau lui-même, des piliers non terminés ayant été trouvés in situ. Des cuvettes en forme de bol dans la roche argileuse ont été trouvées, technique peut-être déjà utilisée pour faire de la sculpture et du mortier argileux, dans l'Épipaléolithique.
Il y a aussi des formes phalliques et des motifs géométriques dans la roche, dont la datation est inconnue. Ils sont à rapprocher des cultures sumérienne et mésopotamienne, ainsi que des sites d'Asie Mineure et d'Égypte de la même époque, comme Byblos, Nemrik, Helwan et Aswad. Se basant sur les importantes représentations d'animaux, Schmidt indique qu'il doit s'agir d'une culture shamanique à rapprocher à ces cultures, ce qui semblerait corroborer cette hypothèse. On peut donc supposer des pratiques rituelles proches.
Au début des années 1990, le préhistorien Jacques Cauvin avança la thèse que le développement de la religiosité a poussé les hommes à se regrouper pour vivre et célébrer les rites en société. Göbekli pourrait lui donner raison.
Ce site de Göbekli Tepe montre notamment que l'humanité disposait, à une époque pré-agricole, de moyens suffisants pour mettre en place un lieu de culte imposant, idée qui contredit l'hypothèse que l'agriculture aurait précédé toute érection de constructions importantes. C'est probablement l'œuvre d'une tribu de chasseur-cueilleurs. Schmidt spécule sur le fait que le site ait joué un rôle majeur dans la transition à l'agriculture, supposant que l'organisation sociale nécessaire à la création de ces bâtiments a favorisé une exploitation organisée du blé.
Des recherches annoncent que les débuts de l'agriculture furent associés à une baisse de la qualité alimentaire. Ce ne fut que lorsqu'on créa des potagers religieux, pionniers pour raison religieuse, que les sélections et techniques de plantations s'améliorèrent, permettant l'émergence d'une agriculture nourricière. Ce grand bond en avant religieux ne serait apparu qu'en 10.000 av. J.-C., en Anatolie.
Göbekli Tepe est situé dans la région de Turquie appartenant au Croissant fertile, qui est probablement le lieu d'origine de l'Engrain, une variante du blé, première céréale utilisée par l'homme, mais aucune trace de plantes ou d'animaux domestiqués n'a été trouvée. On n'a pas non plus retrouvé d'habitations durables en pierre. Cette transition reste encore aujourd'hui une hypothèse. Pourtant, on a retrouvé ensevelis à 4 m de profondeur des outils, comme des racloirs, des pointes de flèches, des os d'animaux, des graines sauvages et du bois carbonisé. Cela prouve, avec les silex retrouvés, une présence humaine durable, et conforte l'idée que les hommes de Göbekli se nourrissaient de gibiers, de plantes et de fruits qu'ils cueillaient et chassaient, sans être éleveurs ou fermiers.
Le nom turc Göbekli Tepe se traduit en français par "la colline au nombril", en référence à sa forme. Sur ce site repose le plus ancien temple de pierre jamais découvert répertorié d'architecture monumentale, estimé entre 11.500 et 10.000 avant notre ère. Il aurait fallu plusieurs centaines d’hommes pour le construire et les travaux auraient duré de trois à cinq siècles. La civilisation mégalithique à l’origine de ce site est encore très mal connue.
Le temple aurait été abandonné vers 8.000 av. J.-C. Cette colline artificielle haute de 15 mètres pour un diamètre de 300 mètres, aurait été volontairement enfoui au Néolithique précéramique...
- Voir aussi :
HISTOIRE DE L'HOMME 10.000 ANS AVANT JÉSUS CHRIST