GULF STREAM : Et si il s'arrêtait ?
Et si le Gulf Stream s'arrêtait ?, est un documentaire (0h45) de la série Les Grands Reportages, sur les conséquences qu'auraient l'arrêt de ce courant marin, notamment pour l'Europe qui pourrait être plongé dans un hiver glacial pendant de nombreuses décennies.
Le Gulf Stream est un courant océanique qui prend sa source entre la Floride et les Bahamas et se dilue dans l'océan Atlantique vers la longitude du Groenland après avoir longé les côtes européennes. On ignore encore l'importance exacte des impacts du Gulf Stream sur le climat européen continental ou océanique, ou sur la formation des nuages.
Une étude publiée en 2002 par Richard Seager, climatologue de l'Université Columbia, étaye par des modèles l'hypothèse que l'effet du Gulf Stream est nettement moins important que l'effet des mouvements atmosphériques. Les simulations de Richard Seager laissent penser que l'écart hivernal de température moyenne observé entre l'est des États-Unis et l'ouest européen, à l'exception notable de la Norvège, n'est que peu lié au Gulf Stream, mais plutôt aux sens des vents dominants qui diffèrent. Le Gulf Stream aurait dans les différents modèles testés par R. Seager un effet nettement plus faible, et son arrêt ne changerait rien au fait que l'Amérique du Nord resterait plus froide que l'Europe en hiver.
Ses modèles suggèrent un refroidissement de l'ordre de 4,5 à 6 °C aux latitudes moyennes, et de l'ordre de 20 °C en Norvège, en cas d'arrêt du transport de chaleur océanique, mais également réparti de part et d'autre de l'Atlantique. Cet effet ne ferait alors, aux latitudes moyennes, que compenser le réchauffement global.
Des chercheurs ont émis l'hypothèse que le réchauffement climatique pourrait entraîner l'arrêt de la circulation thermohaline, par diminution de la salinité et augmentation de la température de l'océan arctique. Cette circulation des eaux empruntant le Gulf Stream sur une partie de son trajet.
Ce vaste courant océanique de surface de l’Atlantique en provenance de la zone intertropicale et qui baigne les côtes européennes, ce qui nous assure des hivers doux et des étés tempérés, ne devrait pas pouvoir s'arrêter. Pourtant, une diminution de son intensité, voire même son arrêt complet ne sont pas impossibles car l’histoire climatique de la planète le prouve. Le Gulf Stream a déjà connu de sérieuses perturbations dans son courant.
Des chercheurs canadiens, américains et britanniques, dont les travaux ont en partie été soutenus par le 5e programme-cadre de recherche de l'Union européenne, estiment que le réchauffement global de notre planète entraîne depuis 10 ans une modification de la salinité des océans, ce qui pourrait perturber la circulation thermohaline des courants marins.
C’est l’évaporation plus importante des eaux de surface dans la région intertropicale, générant un surplus important de vapeur d'eau dans l'atmosphère et des précipitations d’eau douce plus intenses aux plus hautes latitudes, qui serait responsable de cette modification de la salinité dans l’Atlantique nord.
Des eaux moins chargées en sel s’enfoncent plus difficilement vers les profondeurs marines, or, c’est précisément ce qui se produit avec le Gulf Stream au nord de l’Islande. C’est là que le fameux courant plonge vers les fonds océaniques pour retourner vers les Tropiques puis, plus loin encore, vers l’océan Antarctique. Ce courant océanique profond est en quelque sorte le courant retour du Gulf Stream de surface.
L’apport d’eau douce supplémentaire, suite à des précipitations plus intenses, empêcherait le Gulf Stream de plonger en Arctique vers les fonds océaniques et donc enrayerait la vaste machine climatique mondiale, ce qui à terme interfère, voire bloque en surface le Gulf Stream.
Les conséquences pourraient être importantes car, avec un Gulf Stream connaissant de graves perturbations, l’Europe, privée de ses effets, plonge à son tour dans une nouvelle période froide. Les hivers à Lisbonne risquent ainsi de devenir aussi rigoureux que ceux de New York.
L’histoire climatique de notre planète montre que de tels phénomènes dus à un apport considérable d’eau douce dans les eaux de l’Atlantique nord, suite au déchargement massif des glaces de l’inlandsis américain, ont déjà enrayé la mécanique du Gulf Stream par le passé.
- Voir aussi :
LA NAISSANCE DES OCÉANS ET L'ORIGINE DE L'EAU SUR TERRE - Superscience
CLIMAT : Pour quelques degrès de plus sur Terre