LA SONDE VOYAGER VERS LA DERNIÈRE FRONTIÈRE
La sonde Voyager vers la dernière frontière, est un documentaire (0h43) sur le premier objet spatial fabriqué par l'homme lancé en 1977 par la NASA, qui est maintenant en route vers les confins de l'Univers dans l'espace interstellaire à plus de 18 milliards de kilomètres de la Terre, une zone totalement inconnue des scientifiques composée de gaz galactique et non plus de particules solaires.
Voyager a été la première sonde à visiter les planètes lointaines dont Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Elle a pu effectuer ce périple grâce à une percée en mathématiques dans les années 1970, une avancée exceptionnelle qui lui a permis d'exploiter la loi de la gravité en étant propulsée à 60.000 km/h grâce à un effet de fronde, de planète en planète, sans avoir à dépenser de carburant. Durant son aventure, Voyager a fait des découvertes spectaculaires, comme l'immense éruption volcanique sur Io, la lune de Jupiter, et d'étranges motifs apparaissant dans les anneaux de Saturne. Les données recueillies par les neuf instruments à bord de chacune des sondes en font la mission d'exploration du Système solaire la plus fructueuse scientifiquement de toute l'histoire spatiale.
Les deux vaisseaux, Voyager 1 et 2, transportent chacun un disque en or plaqué de cuivre de 30 centimètres où sont gravés des messages de notre planète contenant 115 photographies de notre monde, une variété de sons naturels, des musiques de différentes cultures, ainsi que des messages dans 55 langues, dont ceux du président américain d'alors, Jimmy Carter, et du secrétaire général de l'ONU de l'époque, Kurt Waldheim.
Partie il y a 37 ans, Voyager 1 est devenue maintenant l'émissaire de l'humanité en route vers les étoiles.
La sonde américaine Voyager 1, lancée en 1977, a passé la frontière du Système solaire devenant le premier objet envoyé par l'homme à atteindre l'espace intersidéral.
Selon des mesures publiées dans Science et confirmées par la NASA, la sonde a quitté l'héliosphère, cette bulle de gaz placée sous l'influence de l'activité et du champ magnétique du Soleil, en août 2012. "Maintenant que nous avons ces nouvelles données-clés, nous pensons que l'humanité a franchi un pas historique en entrant dans l'espace interstellaire", s'est félicité Ed Stone, responsable scientifique de la mission à l'Institut de technologie de Californie.
De nouvelles analyses des densités de plasma autour du vaisseau se sont révélées conformes aux densités se trouvant dans la région interstellaire prédites dans les modèles, selon des chercheurs de l'Université de l'Iowa, dont Don Gurnett, qui ont publié leurs études sur le site de la revue américaine Science.
Selon ces astrophysiciens, Voyager 1, qui se trouve à plus de 18 milliards de kilomètres du Soleil, soit environ 120 fois la distance Terre-Soleil. a franchi l'héliopause, une zone frontalière du Système solaire, pour entrer dans le froid et l'obscurité de l'espace interstellaire. L'échelle, en unités astronomiques UA, distance Terre-Soleil, soit environ 150 millions de kilomètres, est logarithmique.
L'héliopause, que Voyager 1 vient de franchir, marque la frontière où l'influence des vents solaires ne se fait plus sentir, mais au-delà, notre étoile influe par la gravitation sur des astres, comètes, astéroïdes, qui constituent le nuage d'Oort. Il faudra trois cents ans à Voyager 1 pour y entrer et environ 30.000 ans pour qu'il s'en échappe, passant alors progressivement sous l'influence gravitationnelle d'autres étoiles.
"Nous avons sursauté sur nos chaises quand nous avons constaté ces oscillations dans nos données, car elles montraient que le vaisseau se trouvait dans une région totalement nouvelle, conforme à ce que l'on peut attendre dans l'espace intersidéral et entièrement différente de l'héliosphère, la bulle formée par les rayons solaires", explique Don Gurnett.
Ce moment tant attendu a donné lieu à des controverses ces derniers mois. Deux études publiées plus tôt, fondée sur d'autres données, avaient déjà conclu que la sonde était passée dans l'espace intersidéral, mais la NASA avait jugé ces recherches non concluantes.
"C'est la première fois que l'humanité peut sortir du berceau du Système solaire pour explorer le reste de la galaxie. Voyager permet ainsi d'effectuer des observations directes hors du Système solaire", a déclaré l'astrophysicien Marc Swisdak, qui a lui calculé que Voyager 1 était sortie du Système solaire le 27 juillet 2012.
Pour John Grunsfeld, le directeur des missions scientifiques de la NASA, "Voyager s'est aventurée là où aucune autre sonde n'était allée auparavant, marquant l'un des accomplissements technologiques les plus significatifs dans les annales de l'histoire de la science".
Le plus surprenant, c'est que la sonde et sa jumelle, Voyager 2, continuent non seulement de fonctionner, mais également de communiquer avec la Terre. De la taille d'une petite voiture, elle dispose d'une antenne de 4 mètres de diamètre et d'une radio qui lui permettent d'envoyer les résultats de ses mesures vers la Terre. Il faut environ 17 heures au signal pour parvenir jusqu'à nous, contre seulement 14 minutes pour Curiosity depuis Mars.
En effet, la durée de vie des deux sondes Voyager, lancées à un mois d'intervalle, ne devait pas dépasser cinq ans, mais elles sont toujours en bon état de fonctionnement, transmettant leurs données vers la Terre par ondes radio. Le programme d'exploration Voyager avait pour objectif l'étude des planètes du Système solaire. Leurs caméras ont été éteintes pour économiser leur batterie au plutonium, qui devrait s'épuiser vers 2020-2025, avant le silence radio. Ensuite, Voyager continuera sa route, errant, seule, dans l'espace intersidéral.
Selon les scientifiques, Voyager 1 et 2, dont cette dernière devrait sortir du Système solaire prochainement, se trouveront dans le voisinage d'autres étoiles. Parmi elles, celle de la Petite Ourse, Gliese 445, dont elle s'approchera jusqu'à 1,7 année-lumière d'ici à quarante mille ans. Une année-lumière équivaut à 9.461 milliards de kilomètres.
Proxima du Centaure est actuellement l'étoile la plus proche du Soleil, à un peu plus de 4 années-lumière de distance. Si Voyager 1 allait dans sa direction, il lui faudrait plus de 70.000 ans pour arriver à destination. Pourquoi plus longtemps que pour aller jusqu'au voisinage de Gliese 445, pourtant située quatre fois plus loin ? Simplement parce que toutes les étoiles de la Voie Lactée tournent autour du centre galactique, sur des trajectoires écliptiques. La distance entre le Soleil et ses voisines varie donc grandement, comme celle entre la Terre et les autres planètes. En ce moment, et pour les 40.000 prochaines années, Gliese 445 se rapproche à grande vitesse, tandis que Proxima du Centaure commencera à s'éloigner dans 20.000 ans.
"Rien ne peut arrêter la course de Voyager 1 dans l'espace, elle continuera son périple pendant très très longtemps, probablement encore des milliards d'années", prédit l'astrophysicien Marc Swisdal.
(Médias-Science)
- Voir aussi :
LES SECRETS DES SONDES SPATIALES
VOYAGE AUX CONFINS DE L'UNIVERS - Au coeur du Cosmos
LA MAGIE DU COSMOS : Qu'est-ce que l'espace ?
QU'EST-CE QUE L'UNIVERS ? - La Fabuleuse Histoire de la Science