SURVIVRE AU PROGRES - Conséquenses et responsabilités
Survivre au progrès, est un documentaire (1h26) diffusé par Arte Thema sur les pièges et l'illusion du progrès, du mondialisme, qui ont eu raison des civilisations antérieures et menacent maintenant d'extinction la nôtre si nous ne respectons rien ni personne.
Au cours de l’histoire humaine, certains progrès se sont révélés être destructeurs. En effet, épuisement des ressources naturelles, surpopulation, désertification, désastres écologiques et économiques, systèmes politiques à bout de souffle, appauvrissement des classes moyennes et populaires etc., l'accumulation des crises annonce-t-elle, comme l'affirme l'essayiste et écrivain canadien Ronald Wright, auteur du best-seller "Brève histoire du progrès", l'anéantissement de notre civilisation ? Est-il urgent de renoncer, comme il le préconise, à l'illusion du progrès qui s'est imposée à toutes les sociétés depuis les débuts de la révolution industrielle, avec ses espoirs de croissance et d'avancées technologiques illimitées ? Tel est le fil conducteur de cette conversation avec de grands esprits de notre temps, illustrée par des images tournées sur plusieurs continents, dont le Canada, les États-Unis, le Brésil, le Moyen-Orient et la Chine.
De même que Ronald Wright, la primatologue Jane Goodall, l'écrivaine Margaret Atwood, le généticien David Suzuki, et bien d'autres chercheurs, penseurs et militants, dont quelques "repentis" du système financier chaotique, estiment que la course au profit et la loi du court terme, en détruisant l'environnement et les liens sociaux, conduisent l'humanité à sa perte.
Leurs propos, aussi limpides que convaincants, replacent notre crise écologique et économique dans le temps long de l'évolution humaine.
Les questions du progrès, de la dette, du partage des richesses et de l'épuisement des ressources sont ainsi radicalement mises en perspective.
Ce documentaire, produit par Martin Scorsese, commence par la fin de l'humanité, une fin pathétique pour une espèce en voie de disparition, qui se hâte vers son propre châtiment.
La course à la croissance, la doctrine du progrès bienfaisant, la société de surconsommation conduisent inéluctablement l'humanité au chaos. Scientifiques, chercheurs, philosophes, militants, auteurs y sont appelés à témoigner au chevet de la planète pour une analyse quasi clinique, méthodique, de ce que nous allons devenir, et comme on l'aura compris, le pronostic vital est engagé.
L'homme en prend ici pour son grade, et la charge est sévère, parfois même violente, mais juste. Son cerveau, nous explique ainsi le psychologue Gary Marcus, n'a que très peu évolué depuis 50 000 ans, et il réagit encore à des stimuli primaires. Les mécanismes primitifs de notre matière grise seraient parfaits pour résoudre les problèmes immédiats, moins pour les prises de décision à long terme, d'après lui.
Nous sommes toujours des chasseurs préhistoriques, autrement dit convaincus qu'il y aura éternellement des troupeaux à traquer. Aucune raison de se croire par ailleurs supérieurement intelligent alors que nous détruisons jour après jour notre propre habitat, "ce qui est contre-productif pour l'évolution de l'espèce", rappelle la primatologue Jane Goodall, car c'est bien de cela qu'il s'agit, de l'épuisement des ressources naturelles. L'homme vit dans l'illusion que le progrès est bon pour lui, mais "il est absurde de croire à un progrès sans limite dans un monde où les ressources sont limitées", prêche Marina Silva, ancienne ministre de l'environnement du Brésil. La nature n'est pas une gigantesque banque où l'on peut puiser à l'infini. "Tant que nous avons vécu sur les intérêts, tout allait bien. Le problème est que, depuis les années 1980, on dilapide le capital," dit un économiste.
Si tout n'est pas encore perdu, l'avenir de la planète et des humains reste encore incertain.
Pourtant, il existe des solutions pour consommer mieux, moins et/ou différemment, mais on peut malheureusement douter de la prise de conscience, comme en témoigne par exemple un intervenant : "J'ai vu tellement de gens malheureux du simple fait qu'ils ne pouvaient pas se payer une salle de bains à 50 000 dollars..." De quoi se demander si la nature a vraiment bien fait de vouloir un jour rendre le singe plus intelligent pour en faire un homme, s'amuse le documentaire, qui suggère également une épitaphe pour la pierre tombale de l'espèce humaine si celle-ci venait à disparaître.
- Voir aussi :
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