LES ALIMENTEURS - Le lobby avant tout

Publié le 6 mars 2013 par Galaxien

Les Alimenteurs, Food Inc, est un documentaire (1h33) qui se penche sur le contenu de nos assiettes trop sucrées, sursalées, chimiques, en remontant la chaîne alimentaire dont l’industrie agro-alimentaire a carte blanche pour dresser le menu, très loin des produits naturels bons pour la santé.

Les produits transformés mis sur le marché par l'industrie agro-alimentaire vantent leurs vertus. Or, l'augmentation du surpoids et de l'obésité chez l'enfant et chez l'adulte est aujourd'hui une question de santé publique. Bien plus sains, les produits de base semblent avoir été supplantés. Les spécialistes déplorent une perte de minéraux, de vitamines et de nutriments nécessaires à la bonne santé de l'organisme, mais le lobbying de ce secteur industriel est efficace, et les questions de santé paraissent secondaires.
Huit aliments sur dix sortent tout droit d'une chaîne de fabrication. A partir de ce constat, Stéphane Horel et Brigitte Rossigneux, auteurs du dérangeant documentaire Les Médicamenteurs, en lien ci-dessous, se lancent dans une enquête sur la puissance agro-alimentaire.

"L’offre alimentaire proposée en France est extrêmement transformée par rapport aux aliments de base, avec pertes de minéraux, de vitamines, et ajout de sucres, de sel, de graisses", dit Pierre Meneton, chargé de recherche à l’Inserm, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
"On a vécu dans les années 1980 à 2000 ce que tous les pays occidentaux ont vécu, c'est-à-dire une augmentation très importante du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et chez l’adulte, avec des chiffres extrêmement impressionnants", rappelle Serge Hercberg, directeur du PNNS, le Programme national nutrition santé, mis en place dans un souci de santé publique par le gouvernement de Lionel Jospin en 2001.

Pointée du doigt, la responsabilité des industriels de l’agro-alimentaire, qui mettent sur nos tables plus de 500.000 produits différents. Un secteur qui pèse de tout son poids. En effet, à la maison, à la cantine, au restaurant, la nourriture d’origine industrielle remplit nos assiettes. Que savons-nous réellement de ce que nous mangeons ? Les ingrédients sont-ils vraiment tous listés sur les emballages ? Qui décide de ce qui est comestible et ne l’est pas ? Ce qui est comestible est-il vraiment mangeable ?
Concernant la population, même si elle devient obèse et diabétique, qu'elle a le goût émoussé par les saveurs faciles et factices de la gastronomie industrielle dont elle ignore les risques, les autorités, quant à elles, n’exercent qu’un contrôle limité sur cette montagne de nourriture transformée.

Très impliquée auprès des pouvoirs publics et des élus, l’Ania, l'Association nationale des industries alimentaires, veille activement aux intérêts d’un secteur qui emploie en France 400.000 personnes, compte 10.000 entreprises et pèse 134 milliards d’Euros. En 2008, alors ministre de la Santé, Roselyne Bachelot reconnaissait avoir éprouvé quelques difficultés face à la puissance de frappe de ce lobby.
A l’initiative d’un projet de dispositif réglementaire visant à encadrer la publicité dans les programmes télé destinés aux enfants, son ministère en a été dessaisi au profit du ministère de la Culture. "La publicité pour les produits trop gras, trop salés ou trop sucrés représente en général 23 % du budget d’une chaîne", justifie Christine Kelly, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel.

En s’engageant dans le cadre du volontariat sur une charte commune placée sous le contrôle du CSA, industriels, publicitaires et chaînes ont pu préserver ensemble leurs équilibres économiques respectifs : "L’objectif de cette charte d’engagement, analyse Olivier Andrault, chef de mission alimentation et nutrition à l’UFC-Que choisir, était d’éviter la mise en place d’une loi, d’une réglementation, de quelque chose d’obligatoire."
Pas de risques, ainsi, que nutritionnistes et pédiatres se mêlent de définir le taux maximal de sucre, de gras ou de sel autorisé dans les produits, voire qu'ils puissent dresser la liste de ceux que l’on pourrait promouvoir ou non sur les antennes...

A l’échelle européenne, c’est la mise en place d’un étiquetage présentant une meilleure lisibilité qui a été rejetée en mars 2010 par la Commission parlementaire en charge de la question.
"Le consommateur est dépossédé de toute connaissance, de tout contrôle sur l’environnement qui est le sien, regrette Pierre Meneton. On lui met dans l’assiette un certain nombre de choses, il ne sait pas comment elles sont fabriquées, il ne sait pas ce qu’elles contiennent, il ne sait pas les conséquences qu’elles peuvent avoir sur sa santé, et puis, il mange..."
(Christine Guillemeau)

- Autre documentaire des auteurs :

LES MÉDICAMENTEURS

- Voir aussi :

MANGER PEUT-IL NUIRE A NOTRE SANTE ?

NOTRE POISON QUOTIDIEN, de Marie-Monique Robin

LE MONDE DE MONSANTO - Alimentation terrestre en danger

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